D’origine londonienne, le « gentlemen’s clubs » sont des lieux de prestige qui apparaissent dès le XVIIe siècle. Ce sont des cercles sociaux influents, exclusivement masculins. Plus ou moins fermé, le pouvoir s’y joue quotidiennement. Le recrutement et les critères d’admission s’adoucissent au XIXe et XXe siècle. L’objectif est que les clubs s’ouvrent aux simples citoyens « gentlemen », mais également aux femmes. Bar chic anglais, cigares, grands crus, jeux d’argent, fauteuils en cuir et discussions interminables forment le socle commun de cette culture sociale toujours en vogue.
La genèse des clubs privés londoniens
Le début du XVIIe siècle voit naître deux fameux clubs de gentlemen qui réunissent des hommes illustres dans les tavernes des quartiers londoniens. « The Mermaid Tavern » est un des lieux de rencontre des grands esprits. Vers 1611, William Shakespeare et son fondateur Walter Raleigh s’y croisent à la même époque. Ben Jonson fonde un autre club, dont le meeting se déroule au « The Deviltavern ». Divers gentlemen’s club se forment ensuite autour de St James’ Palace et de la rue Pall Mall à Londres. La politique est au centre des discussions, mais pas que. Ce peut être un club de passionnés qui rassemble des amateurs de sport, d’automobile, de chocolat, ou encore de littérature. D’autres activités, dont les jeux d’argent où les cartes animent la vie de ces clubs d’un nouveau genre.
Peuvent s’y regrouper d’anciennes promotions militaires ou universitaires, ou certains types de professions comme des peintres, des photographes, des écrivains ou des musiciens… De même que les avocats, banquiers, journalistes et autres se réunissent entre confrères. Le phénomène se propage ensuite dans toute l’Angleterre, mais également dans tout le territoire anglo-saxon (États-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, etc.) et plus tard dans divers pays dont l’Italie et la France.
Du prestige à la diversité, l’évolution des gentlemen’s clubs
Contrairement aux cercles politiques et aux clubs des grands hommes d’antan, le club des gentlemen est aujourd’hui un cercle qui s’intéresse à de multiples thèmes. Certains se réunissent pour les jeux d’argent ou pour gouter et discuter des grands crus. Tandis que d’autres se rassemblent pour une dégustation de café, de whisky, de chocolat, de thé ou de bière… On retrouve également des passionnés d’automobile, des banquiers, des avocats, des amateurs de tir à l’anglaise, de golf ou de polo. Les raisons d’être, les modes de recrutement et les programmes proposés sont devenus extrêmement variés.
Il faut dans certains cas être artiste, écrivain, pubard, musicien, journaliste ou scénariste pour prétendre rejoindre l’un de ces cercles d’influence. Divers groupes communiquent entre eux. Ils acceptent la notoriété de certaines célébrités, alors que d’autres exigent une carte de membre avec des participations pécuniaires mensuelles. Certains clubs sont ouverts à tous pour des concerts privés. Le phénomène des gentlemen’s club, parfois jugé old school, est devenu une véritable tendance. En effet, chacun peut fonder un cercle selon un thème qu’il aura lui-même choisi. Néanmoins, les authentiques clubs de gentlemen, avec leur côté vintage, sont de nouveau très en vogue de nos jours. La décoration très british et luxueuse de ces lieux de réunion participe à créer une ambiance chaleureuse et hors du temps.
Entrer dans un club de prestige
Les clubs de prestiges semblent cristalliser un ensemble de fantasmes et de théories préconçues. Tout un chacun se demande quels sont leurs secrets, qui y rentre et pourquoi. Derrière une culture du mystère plus ou moins prononcée se cache une réalité très diverse avec ses codes et ses exigences particulières.
Tout le monde a une vague idée de ce que sont les clubs de prestige. On y déguste de grands crus, on s’adonne à des jeux de cartes en bonne compagnie et l’on savoure cigares et whiskys confortablement installés dans un remarquable fauteuil club… Certains membres sont ultra-riches, d’autres sont des personnalités célèbres. Le nom de « club de prestige » désigne des réalités très hétérogènes. Il y a des cercles qui recrutent par exemple en fonction des talents de chacun. Par ailleurs, de nombreux clubs reposent sur une diversité de gouts ou de thèmes.
Des procédures d’admission variées
Si l’intérêt commun semble être le premier critère d’entrée, chaque club possède ses propres exigences. Un dossier de candidature ou une lettre mûrement réfléchie sont fréquemment requis. La plupart des clubs demandent un droit d’entrée en plus des cotisations annuelles afin qu’ils puissent bénéficier des privilèges accordés à ses adhérents. L’avantage notable de tels cercles, c’est qu’il permet de créer un réseau de connaissances et d’entraides qu’il est possible de solliciter au cours de sa vie personnelle ou professionnelle. Le plus souvent, le « vote » pour introniser un nouveau sociétaire est ouvert uniquement au conseil d’administration ou à tous les membres, selon les cas. Les procédures d’entrée sont souvent complexes et dépendent de l’histoire particulière de chaque fédération. Il paraît difficile de faire une généralité quant aux critères d’adhésion.
Mis à part les conditions classiques, chaque cercle huppé peut imposer des épreuves plus ou moins fastidieuses aux candidats. De fait, il ne s’agit pas d’entrer dans une société, mais bien d’y être admis. Chaque club a ses propres modalités, étroitement liées aux votes des membres du conseil d’administration, de la commission de candidature ou de tous les membres confondus. Par exemple, à l’« Automobile Club », un vote positif compte pour une seule voix, alors qu’un vote négatif en vaut 3. Il s’effectue à bulletin secret parmi 21 adhérents pour sélectionner 1 élu parmi 2 candidats présentés. Ces derniers doivent être introduits par deux parrains qui défendront leur candidature auprès des autres adhérents. Le vote est même précédé par une visite à domicile pour mieux connaitre l’individu qui postule.
L’exemple de certains clubs select
Pour être admis au sein du club très select « Le Siècle », le vote se fait à bulletin secret par une commission de candidature réunissant 15 personnes. Au « Jockey Club » et au « Nouveau Cercle de l’Union », un vote négatif en vaut cinq. D’autres cénacles réalisent même des tests écrits ou oraux, liés au thème de l’association et aux intérêts communs de ses adhérents. Elles peuvent reposer sur la gastronomie, le sport, la politique, etc. Les votes d’antan s’effectuaient avec des boules blanches (acceptation) ou noires (refus). On nommait les candidats rejetés les « blackboulés ». Il n’y a pas de critères particuliers pour devenir membre d’un Gentlemen’s Club par exemple. Les adhérents choisissent eux-mêmes les nouveaux « admissibles » via un conseil d’administration et un président, sans appel à candidature ou parcours prédéterminé.
Les questions pécuniaires ne sont qu’une infime partie des réelles exigences. En définitive, il faut mériter l’appartenance à un club de prestige. En effet, le plus souvent, les membres vont évaluer la personnalité, mais aussi le passé et l’implication sociale du postulant. Il n’est pas rare que le club enquête durant plusieurs mois pour en savoir plus sur le candidat. C’est un vrai parcours du combattant qui dépend souvent de l’histoire et du passif du club. Bien évidemment, plus le club est prestigieux, plus il est difficile d’y être accepté. Curieux d’en savoir plus ? Découvrez quelle est la place des femmes dans ces célèbres gentlemen club.